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Patrick Snijers et les Boucles de Spa: sept extra !

Pierre Delettre pouvait difficilement rêver vainqueur plus symbolique que Patrick Snijers pour la cinquantième édition des Boucles de Spa.

Dans le style flamboyant de ses 23 ans, le septuple champion de Belgique a battu ce week-end son record personnel en accrochant une 7e victoire spadoise à son glorieux palmarès, 27 ans après la première décrochée aux commandes d’une Ford Escort Gr.4 comparable à celle pilotée à l’époque.

« Même un peu meilleure en suspensions, je crois, » se marrait le jeune cinquantenaire après l’arrivée. «Je suis bien sûr très content. C’est une belle manière de démarrer la saison. Cela fait plaisir de rouler devant autant de monde, comme dans le bon vieux temps des cigarettiers. J’ai l’impression que le public s’est régalé autant que moi. »

Auteur de 8 meilleurs temps sur 17 en compagnie de son précieux équipier et sponsor Wim Soenens, le grand n’a pas volé cette victoire acquise assez facilement, avec 166 points d’avance, soir près de deux minutes et demi sur son plus proche poursuivant. « Pour moi ils peuvent encore augmenter la moyenne pour l’année prochaine, ou la supprimer, » rigolait-il. « J’avais gagné les six premières fois avec six montures différentes. La dernière en 1995 avec une Escort… Cosworth. Maintenant, je l’emporte avec l’auto de mes débuts, celle qui a permis de me révéler. Avec un moteur BDA de 230 chevaux et une excellente préparation de Paul Lietaer, cela marche toujours bien. »

Et le Patrick d’aujourd’hui toujours aussi vite qu’à l’époque ? «Qu’est ce que vous diriez ? Peut-être juste un peu moins fou… »

L’envolée du Snije a été favorisée par les abandons précoces des premiers leaders Freddy Loix et Jean-Pierre Van de Wauwer (joint de culasse défaillant sur sa Lancia). Pour ses débuts en Historic et en propulsion, le pilote de l’Opel Team Belgium menait l’épreuve après cinq RT avant de renoncer suite à un bris de commande de gaz de sa Kadett GTE. Mais il reviendra. « J’ai adoré. J’ai fait les plus grands travers de ma carrière, pas toujours exprès, et je me suis payé plus de frayeurs en trois spéciales que durant toute la saison 2007 ! Cela ne freine vraiment pas ces bagnoles ! »

Numéro 1 en raison de son succès de l’an dernier et en mémoire de sa victoire avec Willy Lux et l’Audi en 1983, Marc Duez aurait bien aimé rééditer son exploit d’il y a vingt cinq ans. Mais en l’absence de neige, avec une auto très peu comparable à celle usine de Konrad Schmidt et un lourd handicap de coefficient en raison de son turbo et ses quatre roues motrices, il n’a pu réaliser que trois fois le meilleur temps, dont deux fois sur la terre de la Clémentine. «J’ai dû dorloter ma grand-mère qui fatiguait un peu sur la fin, » racontait-il avec son sens de l’humour habituel. Néanmoins, si un capot mal attaché ne lui avait pas coûté un parebrise et 200 points, l’Ardennais volant aurait facilement terminé sur le podium. Un podium pour lequel luttèrent longtemps quatre pilotes Opel : Pascal Gaban, Marc Timmers, Bruno Thiry et Raymond Horgnies, ce dernier renonçant en vue du but sur bris de boîte de vitesses.

Profitant des soucis d’embrayage pénalisant l’Ascona 400 de son rival Marc Timmers, c’est un Gabanen rayonnant qui décrochait finalement le premier accessit avec sa magnifique Kadett devant un Tim toujours aussi chaud vainqueur en 2006, deuxième en 2007 et troisième en 2008. A l’applaudimètre, seuls Duval et De Spa rivalisaient avec le tiercé final.

Obligé de lever quelque peu le pied en vue du but suite à un bricolage pour réparer un élément de transmission sur sa « petite » Kadett, un Bruno Thiry conquis lui aussi par la formule de Legend échouait au pied d’un podium sur lequel l’excellent Porschiste Daniel Reuter, un spécialiste des épreuves de régularité, avait encore un pied avant le dernier passage dans la Clémentine.

Delhez, Jupsin, Kelders sauvant l’honneur du Porsche Martini Racing après les retraits des invités vedettes François Delecour (pont cassé dans la RT3) et Markku Alen (protège-carter arraché à l’issue du premier passage dans la Clémentine, le Finlandais préféra jeter le gant à la tombée de la nuit afin de ne pas risquer de tout casser pour une dixième place) et Debaty complètent un Top 10 aux portes duquel échoue tout juste le spectaculaire François De Spa faisant virevolter sa petite Mini Cooper. Sans un souci de distributeur l’immobilisant dans la première RT, le régional de l’étape se serait classé à une incroyable deuxième place. Mais avec des si, on pourrait bien évidemment refaire ce rallye qui restera à jamais gravé dans les têtes de beaucoup de pilotes et copilotes. « C’est mon meilleur souvenir en sport automobile, » s’exclamait Martial Chouvel partageant le volant d’une vieille Porsche avec l’autre pistard Geoffroy Horion. « Maintenant, je ne veux plus faire que du rallye. Quelle ambiance, quel plaisir de pilotage ! On en a nettement plus pour son argent qu’en circuit.»

Frédéric Bouvy attardé en raison d’excès de vitesse… en liaison (mais il a aussi signé deux meilleurs temps), Maxime Soulet vainqueur de classe pour ses débuts en rallye sur une vieille Mexico, Stéphane Henrard et sa petite Austin Frogeye ou François Duval 14e avec une Toyota origine et un pote équipier la caméra au poing en spéciale affichaient tous également de larges sourires au terme d’une édition suivie par des dizaines de milliers de spectateurs, sous un ciel bleu et un soleil printanier même si les températures restèrent bien hivernales.

Et un Pierre Delettre fatigué mais heureux de conclure : «On se souviendra longtemps de cette cinquantième. La fête a été parfaitement réussie d’un bout à l’autre. Nous n’avons eu aucun incident à déplorer. Et, selon la police de Aywaille, on n’avait jamais vu autant de monde dans la montée de La Redoute. Même pas lors de Liège-Bastogne-Liège ! »

Un succès fou, tant auprès des spectateurs que des concurrents, augurant déjà d’une édition 2009 encore plus délirante qui marquera elle aussi l’histoire. « Avec 228 équipages heureux cette année, on devrait cette fois facilement atteindre les 250. Avec encore plus d’étrangers et quelques nouveautés. Et non des moindres. On vous en reparlera bientôt… » 

Si les Legend et leurs rois du travers ont assuré une bonne partie du spectacle, la course a été nettement plus disputée en fait dans le rallye Classic. Au terme d’une véritable épreuve de régularité à du 50 km/h de moyenne, après quatre changements de leaders (Malherbe et Verhelle ont mené en début de parcours), Grégory Penders et son Alfa Romeo Bertone de 1967 coiffait finalement la Porsche 914 de 1971 du local Joseph Paisse de six dixièmes de point. Quel suspense !

    

Le classement final Legend. 1. Snijers-Soenens (Ford Escort) 45.81; 2. Gaban-André (Opel Kadett GTE) à 166.29 ; 3. Timmers-Robert (Opel Ascona 400) à 195.88 ; 4. Thiry-Jamoul (Opel Kadett GTE) à 198.31 ; 5. Reuter-Vandevorst (Porsche 914) à 220.19; 6. Duez-Lux (Audi Quattro) à 245.69; 7. Delhez-Collard (Ford Escort) à 253.87 ; 8. Jupsin-Jupsin (Opel Manta) à 294.45; 9. Kelders-Kerkhove (Porsche 911) à 380.11 ; 10. Debaty-Quehen (Ford Sierra Cosworth) à 417.44 ; 11. De Spa-Grogna (Mini Cooper) à 435.23 ; 12. Van Heurck-Van Heurck (Austin Healey) à 453.17 ; 13. Fumal-De Grave (Opel Kadett GTE) à 462.41 ; 14. F. Duval-Bourdeaud’hui (Toyota Corolla 16S) à 471.95 ; 15. Fagot-Rocour (Ford Escort) à 485.73

 

Les meilleurs performers Legend

1.Snijers 8 ; 2. Reuter 4 ; 3. Gaban, Duez, Horgnies et Loix 3 ; 7. Bouvy, Timmers, De Spa et Marcy 2 ; 11. Thiry, Warroquiers, Chiaravita, Jupsin, Merche, Van de Wauwer, Colinet, Ragnotti, Galand, Delhez, Fumal, Melin, Thelen, Vanbellingen et Debaty 1

 

Les leaders successifs :

RT 1 : Loix ; RT2 ; Van de Wauwer ; RT3 à 5 : Loix ; RT6 à 17 : Snijers

 

Les vainqueurs de classe Legend

Snijers (3-9) ; Reuter (2-5) ; Duez (3-10) ; Debaty (4-14) ; De Spa (2-3) ; Van Heurck (1-2) ; F. Duval (4-12); Brasseur (4-13); Soulet (3-8); Henrard (1-1); Verschuere (3-7); Claessen (4-11)

Le classement final Classic

1.Penders-Lienne (Alfa Romeo Bertone) 14.01; 2. Paisse-Gully (Porsche 914) à 0.64; 3. Bertrand-Chapa (Ford Escort Mexico) à 11.19 ; 4. Camerman-Pigeolet (Simca Rally 2) à 13.54 ; 5. Thijs-Debuschere (Mini Cooper) à 15.71 ; 6. Crespeigne-Hendrickx (VW Golf GTI) à 23.99 ; 7. Lucas-Lambert (BMW 1800) à 24.33 ; 8. Mignot-Remion (Porsche 914) à 24.91 ; 9. C. Corthals-Paquay (Alfa Romeo) à 33.54 ; 10. Pottier-Henen (MGB) à 35.18

 

Leaders successifs Classic : 

RT1 : Malherbe ; RT2 à 4 : Paisse ; RT5 à 6 : Verhelle ; RT7 à 10 : Paisse ; RT11 à 17 : Penders