En 1940, la France est vaincue. A Londres le général de Gaulle voit peu à peu se rallier plusieurs colonies françaises à sa « France Libre ». Ce soutien lui donne peu à peu la légitimité qui va lui permettre de s’imposer dans le conflit aux côtés des alliés, malgré l’antipathie que lui portent Churchill et Roosevelt.

Le général peut être bien reconnaissant envers les colonies. Pourtant, pour les manuels d’histoire, la libération semble n’être que le fait du débarquement de Normandie, de l’action des résistants et de l’offensive soviétique sur le front de l’Est. On ne retient finalement que ce que l’on veut bien nous montrer : comme de Gaulle, le fier opposant à la barbarie nazie sauvant l’honneur d’un pays dont le gouvernement officiel - celui de Vichy - s’enfonçait dans une collaboration honteuse ; comme la libération de Paris et Strasbourg par Leclerc entouré d’une armée (la 2ème DB) bien blanche de peau, alors que c’est l’offensive par le Sud et l’Italie qui va permettre l’ouverture d’un second front avant le débarquement de Normandie.

Mais cette armée qui était constituée des Divisions d’Infanterie Algérienne et Marocaine, de la Division Marocaine de Montagne et autres Goums marocains était sans doute moins photogénique aux yeux des dirigeants français : il valait mieux qu’elle garde ses distances avec les feux des projecteurs et de la presse.

La France a bien des qualités. Mais le pays des Droits de l’Homme n’a pourtant pas ce talent qu’ont les américains pour l’autocritique. Jamais en effet un film français sur les monstruosités commises par les cours martiales durant la Grande Guerre… Mieux : les français devront attendre 18 ans le droit d’admirer « Les Sentiers de la Gloire » de Kubrick !

En France, on fera donc toujours plus de cas d’un combattant entré en résistance fin 44 que d’un « indigène » venu libérer le pays qui colonise le sien. Aujourd’hui encore le sénégalais Joseph N’diaye, conservateur de la maison des esclaves de Gorée, s’étonne ne pas recevoir la même pension qu’un ancien combattant français… Il a fait la campagne de 43 et l’Indochine, mais finalement la France lui a donné des décorations. Cela devrait suffire, non ? (B. Jamin)