Les organisateurs des Legend Boucles de Spa avaient déjà frappé fort l’an dernier en célébrant le retour exceptionnel à la compétition de Thierry Boutsen et en réunissant autour de notre ex-pilote de F1 et de l’invité Jean Ragnotti pas mal de grands noms du rallye belge.
Mais cette fois, pour fêter dignement la 50ème de celle qui est devenue aujourd’hui la doyenne des épreuves encore en activité au niveau national, ils ont encore réussi à monter la barre de plusieurs crans en présentant la plus belle brochette de pilotes sans doute jamais vue sur un rallye belge. Et en battant un nouveau record de participations avec plus de 240 bulletins d’engagement. De quoi raviver bien des souvenirs pour les anciens, nostalgiques des grandes années d’avant 1987, date de l’interdiction par la FIA des Groupe B dont les six exemplaires les plus monstrueux sont désormais aussi bannis des courses Historic. On ne reverra donc plus jamais de MG Metro 6R4, Ford RS200, Lancia Delta S4 ou Peugeot 205 Turbo 16 dans la Clémentine…
Qu’à cela ne tienne, les milliers de spectateurs des Legend trouveront leur bonheur en remontant quelques années en plus dans le temps.
Alen et Delecour réunis au sein du Porsche Martini Racing
A tout seigneur tout honneur, commençons par vous présenter les deux grandes stars internationales de cette édition collection : Markku Alen et François Delecour, tous deux réunis, grâce notamment à la complicité du passionné Christian Kelders (lequel pilotera, lui, la voiture victorieuse l’an dernier aux mains de son ami Marc Duez) au sein d’un team de trois Porsche 911 aux superbes couleurs Martini Racing.
Au départ en 1995 aux commandes d’une Toyota Celica GT4 (il avait terminé 2ème après un tonneau à Ster), le grand Markku est de retour pour fêter ses 57 ans (le 15 février) en compagnie de son ami Paul Fraikin, le célèbre présentateur de l’émission rallye de la RTBF Champions. Le Finlandais aux 19 victoires mondiales, vainqueur de la FIA Cup en 1978 (l’ancien championnat du monde) et vice-champion du monde en 1986 et 1988, pilotera une 911 RS 3 litres de 1981. Une voiture nettement plus proche de l’origine que celle de son équipier d’un week-end François Delecour (4 succès en WRC et vice-champion du monde 1993) disposant lui d’une plus puissante (environ 270 chevaux) version Groupe 4 datant de 1973 déjà vue aux mains de Robert Droogmans. Cela le changera de la Peugeot 104 ZS avec laquelle « freinetard » avait déjà participé aux Boucles au début des années 80.
Rien qu’avec ces deux ténors-là, le public invité à assister à l’événement devrait se régaler.
Ragnotti et Serpaggi sur des Alpine A110 d’usine
De France, nous (re)viennent aussi deux autres champions. Après s’être tellement bien amusé l’an dernier, le multiple champion de France, ancien vainqueur du Monte-Carlo et du Tour de Corse (deux fois) Jean Ragnotti nous revient avec une magnifique Alpine A110 1800 Gr.2 « usine » comparable à celle qui décrocha le titre mondial en 1973. Et le sympathique « Jeannot » a emmené avec lui son ami Alain Serpaggi, ancien champion d’Europe des rallyes en 1975 (ex-pilote Ligier, il a également participé également à l’épopée Alpine en prototype) aux commandes de sa spectaculaire Alpine Groupe 4 jaune sortie du musée « Histoire et Collection » de Renault. Deux autres sérieux clients pour le « show » et la victoire au général.
Face à ce carré d’as étranger, les nôtres ne seront pas en reste. Ils sont tellement nombreux qu’on ne sait d’ailleurs plus par où commencer.
Duez-Lux en Quattro, 25 ans après
Allez, prenons celui qui portera le numéro 1 pour avoir déjà remporté l’épreuve à deux reprises : l’an dernier aux commandes d’une Porsche 911 et voici 25 ans avec une Audi Quattro aux couleurs de Belga. C’est au volant d’une Groupe B comparable, mais cette fois aux couleurs d’Audi Sport, que le « Duze » recomposera l’ex-équipage victorieux qu’il formait avec Willy Lux. Duez-Lux en Quattro, une cure de jouvence offerte par le Belgian Audi VW Club. Merci, merci !
Mais attention, avec les différents coefficients correcteurs destinés à équilibrer les chances de chacun, la voiture aux anneaux datant de 1981 ne partira pas grande favorite. Avec le « handicap » de son turbo et de ses quatre roues motrices (voir cadre règlement), il faudra de la neige ou une course parfaite pour rééditer l’exploit de 1983.
Une Escort BDA pour Snijers
Poursuivons la liste des favoris avec les anciens vainqueurs : après une rencontre avec un arbre dans la Clémentine en 2006 et un retrait de permis pour excès de vitesse en liaison l’an dernier, le sextuple lauréat de l’épreuve Patrick Snijers est bien décidé à s’imposer pour la première fois aux Legend aux commandes de sa Ford Escort BDA. L’échalas brabançon devra batailler comme l’an dernier avec Marc Timmers, vainqueur de la première édition Historic en 2006 sur une BMW 325IX d’origine et de retour aux commandes de la spectaculaire Opel Ascona 400 aux commandes de laquelle « Tim » a perdu la victoire l’an dernier suite à un excès de fougue. A suivre aussi dans le camp des nombreuses Escort, celles du revenant Timothy Van Parijs, du débutant (en rallye) Maxime Soulet, mais aussi les superbes œuvres (appréciez la déco) de Elleboudt, Warroquier, Régnier ou Kevers.
De Mevius en Buggy, les Duval père et fils en Corolla !
Lauréat à trois reprises en 1993, 1996 et 1998, Grégoire de Mevius n’a pas résisté non plus à l’appel de la cinquantième. L’ex-champion du monde Groupe N sera au départ au volant du très original Buggy Apal de son équipier Eggermont. Ne manquez pas ses passages sur la terre de la Clémentine…
S’il n’a jamais remporté cette épreuve belge avant de s’envoler à l’échelon mondial, François Duval n’en reste pas moins notre rallyman N°1. De retour de Monte-Carlo où il a encore démontré faire partie des meilleurs pilote du monde, il sera comme l’an dernier au départ « just for fun ». Avec toujours son meilleur ami dans le rôle de copilote. Après avoir pris goût à l’ambiance aux commandes de la Skoda 130 de Francis Listrez (désormais aux couleurs et en configuration usine de 1986), « Dudu » prépare depuis un an dans son garage deux Toyota Corolla 16S pour son papa René et lui. Les amateurs de glisse ne risquent pas d’être déçus !
Thiry, Loix et Gaban reforment l’Opel Team Belgium
Très populaire dans la région, Bruno Thiry sortira aussi de sa retraite pour fêter avec nous ses 25 ans de compétition au volant d’une Opel Kadett GT2 Groupe 2 préparée dans le Sud de la France. Après un essai convaincant, « Moustic » épaulé par Renaud Jamoul a le sentiment qu’il pourra jouer devant et rivaliser notamment avec l’autre excellente (bien retapée depuis le Condroz) Kadett GTE de l’équilibriste Pascal Gaban. Engagé initialement sur une Escort, Freddy Loix épaulé par le lauréat de l’édition 2007 John Muth, sera aussi de la partie au volant de ce modèle pour lequel ont aussi opté les Fumal, De Sordi ou Lausberg, candidats à un Top 10 de plus en plus disputé.
Dans les rangs de la marque à l’éclair, il faudra aussi compter sur Mathias Viaene, Raymond Horgnies, Benoît Galand, Christian Jupsin et surtout les deux pilotes de Manta 400 de chez Colsoul, le champion BTCS et roi de l’équerre Steve Van Bellingen et le champion d’équitation Félix-Marie Brasseur.
Avec une Mazda RX7 Gr.B et la Triumph TR7 V8 victorieuse en 1977
Parmi la quarantaine de « Porschistes », la voiture la moins originale mais pas la moins regardée au départ, on notera encore les noms de Gérard Marcy (avec une auto préparée par Gérard de Ville de Goyet), Lambert Liégeois (avec son beau-frère André Leyh), les époux hollandais Melse, Beauprez, Reuter ou Castelein ou encore les pistards Fred Bouvy, Martial Chouvel et Geoffroy Horion.
Dans un genre nettement plus unique, on se réjouit de voir passer la Mazda RX7 Gr.B de Christophe Jacob (que de souvenirs aux Boucles avec Duez !), la Lancia Monte-Carlo de Jean-Pierre Van de Wauwer, l’imposante Mercedes 500 du Hollandais Pfauder, la Fiat 124 Spider de Wuyts, la Talbot Lotus aux couleurs usine d’Ansiaux, la Talbot Samba Gr.B de Fonze, la petite Austin Healey de Stéphane Henrard, la MGB de Didier Noirhomme, et surtout la Triumph TR7 V8 ex-Tony Pond (l’exemplaire British Leyland qui s’est imposé aux Boucles en 1977) pilotée par Christian Fortemps.
A surveiller aussi, surtout en cas de conditions difficiles, les maxis Mini de François de Spa et Alexandre Leens déjà vu ces dernières années dans le Top 5.
Tout ce beau monde, soit une centaine de voitures, en découdra tout au long de 17 Regularity Test totalisant 138 km à parcourir à une moyenne très relevée de 80 km/h. Avec des grandes classiques comme la Clémentine, la Redoute, Francorchamps, Creppe ou Stoumont, l’épreuve tracée dans le camp militaire de Marche, mais aussi des nouveautés à Malmédy et surtout une grande première à Amonines saupoudrée d’un peu de bonne terre.
Les « Legend » à 80 km/h, les autres en Regularity Classic à 50 km/h
Partant dans la foulée, une autre grosse centaine (140 environ) d’équipages a choisi elle la formule « Regularity Classic », moins éprouvante pour les hommes et les machines, à une moyenne nettement moins soutenue de 50 km/h. Un exercice à la fois différent et nettement plus compliqué pour les équipiers puisqu’il y aura cette année des contrôles volants de vitesse. Plus question dès lors de « mettre grand gaz » puis de s’arrêter avant la ligne.
Quelques noms connus comme Jean-Pierre Mondron (Porsche), Hubert Deferm (BMW 323i), Marcel Laval (Opel Ascona), Bernard Robinet (NSU), Dirk Van Rompuy (Fiat 124 Spider), Damien Chaballe (Porsche 924) ou Joseph Paisse (Porsche 914) seront là pour « la gagne ». Mais le « Classic » a surtout été créé pour permettre à tout un chacun de réaliser son rêve en participant « au moins une fois dans sa vie » aux Boucles aux commandes d’une voiture d’origine, sans arceau et avec une licence d’un jour. C’est aussi l’occasion pour les nostalgiques d’admirer de superbes autos sorties sans trop de risques par des amateurs collectionneurs. Ce n’est en effet pas tous les jours que vous verrez passer de nuit sur la terre de la Clémentine une Ferrari 308 GTB, une Daimler Jaguar XJ6, une Matra Murena, une Ford Capri, une Saab 99, des Austin Healey ou une Simca Rally II. C’est cela aussi la magie des Legend Boucles de Spa…